On fait quoi maintenant ?
J’aimerais bien pouvoir écrire. Exprimer comme d’autres l’ont fait la tristesse, la colère, l’incompréhension.
Pourtant je n’y arrive pas. Trop de vide.
J’aimerais vous parler du passé qui était si joli, du présent si infâme. Mais l’avenir me laisse sans voix. Sans mots.
Je pense à tous ces innocents et à tous ces futurs coupables qui se baladent au même moment, aux mêmes endroits. Je pense à ce déclic qui fait que l’un passe à l’acte quand l’autre ne fait qu’y penser.
Je pense à nos dirigeants qui admettent enfin que nous sommes en g-u-e-r-r-e. Papa, maman, vous qui ne l’avez pas connue, comment se prépare t-on à la guerre ?
Les anciens sont trop bouleversés pour en parler, quant aux autres personne ne semble savoir… On ferme nos frontières, on regarde parfois derrière, on essaie quelques prières et on ne s’arrête pas de vivre ? S’arrêter de vivre c’est les laisser gagner. Mais que gagne t-on à les laisser prendre nos vies ?
Mon grand-père me dirait sûrement : « Il faut se battre », mais papi il est où le champ de bataille ? Et nos ennemis ? Ont-ils un uniforme ? Un casque ? Quelque chose pour se différencier ? Où sont nos armes ? Quel est notre plan ? Qui est notre chef de guerre ?
La peur m’envahit tant j’ai le sentiment que nous menons une bataille sans attaque ni défense.
A mon enfant à qui je vais bientôt donner la vie, je voudrais qu’il se rassure : nous sommes un grand pays et nous allons nous tirer de là. Comment je ne sais pas. En fermant les yeux, j’imagine un De Gaulle qui passerait dans le petit poste, avec son regard rempli de colère et de détermination, sa carrure si imposante, il saurait quoi nous dire, lui, pour nous rassurer.
Nous rassurer et nous montrer le chemin de l’espoir, d’une vie tranquille et libre.